Relations : La mise à mort d’une grande revue


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La quasi-doyenne des revues du Québec est récemment disparue sans faire trop de bruit. Ses artisans, par contre, acceptent mal ce qu’ils considèrent comme « un acte subtil de censure », dans un texte publié dans La Presse. La revue Relations est morte. Dès sa suspension en mars dernier, nous étions parmi les nombreuses personnes à penser que cela allait l’affaiblir au point où elle ne s’en remettrait jamais. Voilà, c’est fait. Cette fin est plus que triste, une mort sans dignité en quelque sorte, à 84 ans. Peu de revues mettent de l’avant un pareil équilibre entre l’art et les idées, entre une spiritualité engagée et le débat social, entre l’analyse des grands enjeux de notre temps et les sujets plus philosophiques et intemporels, jouant avec modestie un rôle rassembleur. C’est donc cette revue si particulière qu’ont fermée les jésuites, invoquant des « défis financiers et organisationnels » qui ne convainquent pas grand monde. Ils s’en défendent, mais la manière dont ils ont mis à l’écart les principaux concernés depuis des mois laisse penser que l’orientation de la revue dérangeait. Était-elle trop québécoise dans un écosystème jésuite devenu pancanadien ? On ne le saura jamais. Mais chose certaine, dans un monde où la droite radicale s’affirme de plus en plus, de façon décomplexée, il est désolant de voir disparaître un pôle de réflexion aussi libre et substantiel, clairement axé sur les avancées sociales et la rigueur intellectuelle. Il est difficile de ne pas considérer la décision d’en finir avec Relations comme un acte subtil de censure.