Une marche pour le financement des besoins en itinérance


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Le milieu de l’itinérance réclame plus que jamais une Stratégie de partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) généraliste et communautaire. Une marche, organisée par le RAPSIM, partira de la Place de la Paix sur Saint-Laurent, entre René-Lévesque et Sainte-Catherine, le jeudi 11 septembre à 10 h, pour réclamer un financement répondant aux besoins spécifiques du Québec en itinérance. Le gouvernement Harper met de plus en plus clairement de l’avant son orientation de Housing first comme forme de financement via sa Stratégie de partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI). L’appel de propositions actuel, à 200 jours du début de la SPLI 2015-2019, exclut tous les projets en immobilisation (logements ou installations des organismes), de même que toute action de prévention de l’itinérance. La Politique nationale de lutte contre l’itinérance adoptée au Québec prévoit pourtant une variété d’actions (intervention et immobilisation) pour prévenir et réduire l’itinérance.

Des exclusions majeures en immobilisation et en prévention

L’Agence de la santé et des services sociaux a lancé un important appel de projets, le 21 août dernier, pour le solde de 3,2 millions $ qui demeurait disponible pour l’année 2014-2015 dans le cadre de la Stratégie de partenariats de lutte à l’itinérance (SPLI). L’approche privilégiée de cet appel, la phase 2 de la SPLI 2014-2015, est celui de Stabilité résidentielle avec accompagnement (SRA) une nouvelle terminologie qui se situe en ligne directe avec celle du Housing first promue par le gouvernement fédéral.

C’est avec beaucoup de mécontentement que les organismes ont reçu cet appel, dont le RAPSIM en a eu beaucoup d’échos, et cela s’est fortement exprimé lors de la rencontre d’information tenue à l’Agence mercredi dernier.

Des exclusions contradictoires

Alors que la Politique nationale de lutte à l’itinérance prône une approche globale pour Ensemble prévenir la rue et en sortir, les balises conclues entre les deux gouvernements pour lancer cet appel en font fi. On ne mentionne même pas cette Politique. Pourtant, dans une lettre au RSIQ datée du 13 août dernier, la ministre fédérale d’État au développement social, Candice Bergen, affirme que cet appel se fera de façon harmonisée avec la Politique québécoise en itinérance!

Il y a bien des reculs dans cette phase 2. La prévention est exclue de cet appel qui vise l’application de la SRA pour des personnes en situation d’itinérance chronique et épisodique, pas pour les personnes à risque. Il y a aussi une restriction pour le logement transitoire.

L’exclusion de tout projet immobilier est un autre recul majeur. Depuis 2011, l’aide fédérale à Montréal a contribué à réduire et prévenir l’itinérance en contribuant à la construction de logements sociaux, d’hébergement et de refuges. Plusieurs installations des organismes ont souvent vu le jour grâce à la SPLI, tels les locaux de l’Itinéraire, Dopamine, le motorisé de l’Anonyme, alors que de nombreux autres groupes tels le Pas de la rue, MultiCaf, la Maison des Amis du Plateau et le Comité social Centre-Sud, ont eu des contributions importantes pour rénover et améliorer leurs installations.

Ce ne sont pas le gouvernement du Québec ou la Ville qui pourront remplacer tous ces investissements cruciaux dans la lutte à l’itinérance.

3,2 millions $ pour la stabilité résidentielle en quelques mois ?

L’échéancier de l’appel est un autre élément qui dérange. Les organismes doivent développer et déposer un projet en 3 semaines pour le 16 septembre. Ceux-ci devront se réaliser du 1er octobre au 31 mars. Or les projets ne peuvent débuter sans approbation et, depuis 2001, ces délais ont toujours été de nombreux mois.

En 2006, dans le cadre de la l’IPAC 2006-2007 [1] annoncée sous les Libéraux pour une année de transition, les interventions déjà soutenues l’étaient demeurées et le solde du budget non utilisé avait été reporté dans la cagnotte d’un appel global pour l’IPLI 2007-2009. Cela avait permis de maintenir et développer les différentes réponses, sans n’en exclure aucune et sans perdre d’argent. Cela aurait dû être fait aussi en 2014, soit de lancer un appel rapidement cet automne pour la SPLI 2015-2019 avec une approche globale.

Il demeure que cet appel de 3,2 millions $ représente une somme importante et le RAPSIM invite les organismes qui pensent pouvoir développer dans le cadre de cet appel à le faire.

L’enjeu du 1er avril prochain

Déjà pour l’année en cours, un montant de 4,6 millions $ avait été engagé pour maintenir les différentes interventions soutenues par la SPLI, près de 90 postes en intervention dans plus de 50 organismes à Montréal. Dans 200 jours à peine, cela vient à terme, tout comme les projets de la phase de l’appel en cours…

Les balises de la SPLI 2015-2019 résulteront de la signature d’une Entente Canada-Québec, toujours en négociation. Dans le passé, les différentes ententes signées par les gouvernements québécois, tant libéraux que péquistes, ont toujours permis le déploiement de l’aide fédérale, en respect des modèles d’interventions existants et des priorités régionales. Les balises du présent appel sont donc un précédent plus qu’inquiétant. Que permettra la SPLI au 1er avril prochain ?

Le RAPSIM organise la marche du jeudi 11 septembre prochain pour exprimer une fois de plus la nécessité que l’aide fédérale maintienne une approche globale pour les prochaines années. De la Place de la Paix en passant devant le Sac à dos et CACTUS la marche se terminera à la Place Émilie-Gamelin. Le Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec et les 12 autres concertations régionales qui en sont membres s’activent aussi pour demander le maintien d’une SPLI généraliste.

[1] Les programmes fédéraux de soutien à la lutte en itinérance ont pris le nom de L’Initiative de partenariats en action communautaire (IPAC) de 2001 à 2007, puis de l’Initiative de partenariats de lutte conte l’itinérance (IPLI) de 2007 à 2009 pour prendre le nom de la SPLI depuis 2009.