UQAM2026 – Dystopie et utopie : protections
Aucune séance avec l’employeur n’ayant eu lieu depuis la dernière infolettre, nous vous proposons une seconde fiction qui anticipe ce que pourra être l’UQAM suite à la négociation sur l’enseignement en ligne; l’utopie se réaliserait si nos demandes de négo étaient satisfaites et la dystopie représente une UQAM imaginée, dans un futur pas si lointain disons 2026, sans règlement satisfaisant.
Le sujet d’aujourd’hui : la protection de nos droits en enseignement en ligne.
Dystopie
L’UQAM en 2026 est devenue un royaume tyrannique où les droits des chargé.es de cours ne sont plus qu’un vague souvenir d’un passé pas si lointain. Lors de la grande négociation de 2024, sa majesté n’avait pas cru nécessaire d’adopter une Grande Charte afin de protéger les droits des personnes chargées de cours dans le cadre de l’enseignement en ligne. Au nom de son sacro-saint droit de gérance, le souverain avait refusé d’entendre les doléances du SPPEUQAM, jugeant qu’elles ne relevaient pas des conditions de travail, mais plutôt du pouvoir régalien que lui et la noble caste des barons départementaux avaient le pouvoir (héréditaire et de droit divin) d’exercer sur les sujets du royaume.
Une poignée de chevaliers, réunis au sein de l’Ordre du SPPEUQAM, bien au fait du danger qui planait sur le royaume, ont tenté d’alerter leurs confrères et leurs consœurs afin de les appeler à combattre. Ces derniers ont sous-estimé l’importance du combat auquel ils étaient conviés. Malgré une offre de cours en ligne croissante et représentant le quart des cours offerts dans le royaume, ils ne se sont pas sentis concernés et ont abandonné leurs droits à l’arbitraire du souverain.
En 2026, le royaume uqamien est désormais frappé par des vagues de sous-traitance. Les seigneurs à la tête des départements font appel à des serfs sous-payés, échappant à la Coutume du SPPEUQAM, pour préparer le matériel pédagogique pour des cours en ligne ensuite donnés par des chargé.es de cours membres du SPPEUQAM, qui ne disposent plus de la liberté académique dans la conception et la prestation de leur enseignement.
Les chargé.es de cours vivent constamment dans la crainte qu’une panne de leur connexion internet donnera lieu à des évaluations des enseignements défavorables, que les barons départementaux utiliseront pour justifier de les attacher au pilori – ou pire, leur retirer les EQE.
Chaque imprévu (pestilence, jacquerie syndicale, éclipse, etc.) devient une raison pour le royaume d’imposer aux personnes chargées de cours la modalité qui convient le mieux au souverain et à la noble caste des barons départementaux, même quand cette modalité entre en contradiction avec celle choisie lors de l’attribution.
Les chargé.es de cours sont désormais une caste inférieure, taillable et corvéable à merci. Leurs droits sont chose du passé, faute d’avoir été consignés dans une Charte contraignante garantissant leur protection.
Utopie
La Grande Charte de 2024, adoptée au terme d’une quête héroïque menée de façon chevaleresque par les valeureuses personnes chargées de cours, a fait de l’UQAM le royaume de la protection des droits des plus précaires. Cette Grande Charte, imposée à sa majesté par les chevaliers de l’Ordre du SPPEUQAM, est depuis devenue la référence dans tous les royaumes universitaires en matière de protection des droits des enseignants.
La garde rapprochée du souverain avait d’abord concédé aux chargé.es de cours la garantie qu’elles ne seraient pas contraintes d’enregistrer leurs cours en ligne afin de les rendre disponibles en mode asynchrone aux personnes étudiantes. Il avait ensuite fallu livrer bataille afin que l’expansion de l’univers numérique uqamien ne permette pas à l’université de sous-traiter le travail des membres de la guilde SPPEUQAM à l’extérieur de l’université, à des personnes étudiantes ou même, comme cela s’est vu dans le royaume de la TÉLUQ, à un robot conversationnel fonctionnant avec l’intelligence artificielle.
Les chevaliers du SPPEUQAM ont gagné la liberté académique dans le cadre de la préparation du matériel pédagogique et de la prestation des cours donnés en ligne sous l’égide du royaume uqamien. Le monarque leur a par ailleurs garanti qu’aucun cours ne serait donné en mode comodal sans l’approbation de l’Ordre du SPPEUQAM. La Grande Charte assure aussi les chargé.es de cours que l’arbitraire royal qui, lors de la grande peste de 2020, avait permis d’imposer la tenue de cours en ligne, serait aboli. Seules les chargé.es de cours peuvent désormais choisir de modifier la modalité d’une séance de cours.
La Grande Charte de 2024 a permis aux chargé.es de cours de protéger leurs droits dans un univers virtuel que sa majesté voulait développer hors de la portée des protections dont bénéficiaient les membres du SPPEUQAM. Sous la bannière « On a des droits, même en ligne! », les personnes chargées de cours se sont battues pour garantir l’exercice de leurs droits jusqu’aux confins virtuels du royaume uqamien.