Nous vous proposons une troisième fiction qui anticipe ce que pourra être l’UQAM à la suite de la négociation sur l’enseignement en ligne. L’utopie se réaliserait si nos demandes de négo étaient satisfaites. La dystopie représente une UQAM imaginée, dans un futur pas si lointain disons 2026, sans règlement satisfaisant.
Le sujet d’aujourd’hui : notre représentation aux comités institutionnels sur l’EEL
Dystopie
En 2026, l’UQAM est sous l’emprise d’un despotisme prétendument éclairé. Depuis 2023, la représentation que le SPPEUQAM avait gagné lors de la négociation de 2020-22 n’est pas respectée par l’employeur. En effet, l’UQAM nomme unilatéralement les personnes chargées de cours aux comités concernant l’enseignement en ligne. Les membres du SPPEUQAM ont perdu leurs droits, dans le cadre de l’enseignement en ligne, au profit de la bonne volonté de l’administration. Les dispositions de la convention collective sont des obstacles bien mineurs à la capacité de l’administration de l’université d’imposer sa volonté. Les rares « représentants » des personnes chargées de cours aux instances uqamiennes ne sont pas en nombre suffisant. Les comités institutionnels sanctionnent académiquement le droit de gérance de la direction de l’université sur l’enseignement en ligne. Il faut dire que les « représentants » des personnes chargées de cours ne sont jamais plus de 15% des membres du seul comité au sein duquel ils sont encore tolérés.
Les membres du SPPEUQAM ont perdu leur pouvoir de représentation acquis durant plus de 45 ans de luttes. À l’occasion de la négociation sur l’enseignement en ligne, l’Université a une fois de plus fait reculer la collégialité tout en prétendant l’incarner. La direction leur a même dit qu’elles n’avaient pas leur place sur un comité qui concerne la recherche ! La défaite décisive est survenue quand le processus de nomination a été usurpé par l’administration, qui a choisi de faire de ces instances un Grand Conseil nommé par la direction. À l’instar de nombreuses structures démocratiques, l’UQAM est désormais gouvernée par une oligarchie au nom du pragmatisme gestionnaire.
L’administration fait la sourde oreille à la voix de la communauté universitaire. Elle nomme ses représentants, afin d’entendre uniquement les voix qui chantent à l’unisson, pour faire raisonner les paroles de la direction en amplifiant les voix qui se prononcent en son sens. « Pas de différence entre cours en ligne et en présence ! », scande le chef du haut de sa tribune. « La convention collective actuelle s’applique telle quelle aux cours en ligne ! », répondent ses dociles serviteurs minutieusement choisis pour occuper les premiers rangs du parterre.
L’écho que lui renvoient les sujets choisis pour représenter « sa communauté » laisse au chef une impression de consensus qui renforce sa croyance en son infaillibilité. Au sommet de sa tour d’ivoire, le leader pense : « je sais, moi, bien mieux que leurs représentants, ce que les personnes chargées de cours veulent ! » En 2026, les slogans qui retentissent sur les lignes de piquetage du SPPEUQAM ne se rendent plus à ses oreilles.
Utopie
La lutte des membres du SPPEUQAM, mobilisés comme jamais auparavant, a permis d’ouvrir une nouvelle ère de collégialité et de démocratie à l’UQAM. La présence des représentants élus en assemblée générale, à hauteur de 50% de la représentation du corps enseignant, constitue un précédent sur lequel les personnes chargées de cours s’appuient pour obtenir une représentation à la hauteur de leur contribution à l’université, dans l’ensemble des instances uqamiennes. En déversant leur thé dans les eaux du Vieux-Port, les personnes chargées de cours luttant pour leurs droits avaient scandé : « Pas de collégialité sans représentation ! »
Plus près que jamais du terrain où les personnes concernées expriment leurs préoccupations, les instances de l’université sont mieux à même de répondre de façon satisfaisante aux problèmes du quotidien des membres de la communauté. Les personnes chargées de cours sont en mesure de faire connaître les obstacles à un enseignement en ligne de qualité. Pour ces cours en ligne, elles ont accès aux forums où elles expriment la nécessité de leur accorder des conditions de travail dignes de la charge de travail que cette modalité d’enseignement leur impose. La direction ne peut plus ignorer leur point de vue, car les membres du SPPEUQAM ont obtenu une représentation qui les place face à face avec l’employeur, en parité, avec droit de vote, dans les instances où se prennent les décisions sur les enjeux d’enseignement en ligne.
Les membres de la direction sont enchantés de ce nouveau rapport de force consenti aux membres du SPPEUQAM. Il est beaucoup plus difficile de transformer l’université pour la faire correspondre à l’image tronquée que s’en font les gestionnaires quand les personnes chargées de cours détiennent un tel pouvoir décisionnel, mais ils conçoivent maintenant que c’est une bonne chose de ne plus décider unilatéralement des conditions de travail de leurs employés. L’UQAM utopique de 2026 correspond mieux aux besoins de ses enseignants et de ses étudiants. Elle est un reflet plus fidèle de sa communauté, car celle-ci est représentée de façon décisive au sein des instances universitaires.