Revendications du SPPEUQAM pour une collégialité participative

Le Comité exécutif du SPPEUQAM a rencontré le Comité de sélection pour la désignation de la rectrice ou du recteur de l’UQAM le 9 novembre. L’exécutif a alors dénoncé le faible nombre de chargées, chargés de cours qui peuvent s’exprimer lors de la consultation : 51 personnes, soit une personne par unité académique. C’est très peu comparativement aux 1 147 professeures et professeurs qui peuvent voter. En fait, les 51 personnes chargées de cours consultées représentent 3,9 % des personnes consultées, alors que nous représentons 39,4 % de l’ensemble des employées et employés de l’UQAM.

Pour changer le mode de consultation ou la liste des personnes consultées, il faut modifier le Règlement institutionnel no.3. Lors de la dernière course en 2017, la rectrice alors candidate avait montré son ouverture à réviser ce Règlement. Force est de constater que cinq ans après, rien n’a changé! Pourtant, il est plus que temps de réviser ce Règlement à cause duquel nous avons vu des aberrations lors de certains processus de désignation au décanat de plusieurs facultés. Nous devrions avoir des alliés dans cette lutte pour une consultation plus collégiale, notamment chez les employées et employés de soutien qui ne sont pas consultés. Souhaitons que le Règlement no. 3 soit révisé prochainement et qu’au moins une personne chargée de cours siège au Comité de révision.

Nous avons aussi exprimé notre étonnement face au processus et pourquoi certaines personnes candidates n’avaient pas été retenues par le Comité de sélection pour être envoyées à la consultation publique. Cette étape du processus nous semble manquer de transparence.

Lors de cette rencontre, nous avons principalement présenté au Comité de sélection nos attentes envers la future personne qui siégera au rectorat en se basant sur les enjeux suivants.

Le Comité exécutif a expliqué être inquiet de la baisse des effectifs étudiants et de l’impact sur le fonctionnement de notre université. D’autant plus, que les premières personnes impactées seront les chargées, chargés de cours. Nous voulons que la priorité soit réellement donnée au rayonnement des programmes, au recrutement des étudiantes et étudiants et à la persévérance aux études. Pour ce faire, il est important d’être à l’écoute de l’ensemble de la communauté et notamment des enseignantes et des enseignants qui sont des experts dans leur domaine. Consulter les unités académiques est une bonne chose, mais il ne faut pas oublier que les personnes chargées de cours sont très peu représentées alors qu’elles donnent près de 60 % des cours au 1er cycle et sont près de 2 100 en lien d’emploi avec l’UQAM. Nous sommes au cœur de l’académique! L’université doit reconnaitre notre contribution au recrutement et à la réussite étudiante. Une collégialité participative nous permettra de proposer des solutions innovantes en enseignement dans nos domaines respectifs. Une meilleure représentation et intégration des chargées, chargés de cours passe notamment par notre pleine présence (avec droit de parole et droit de vote) aux assemblées départementales et aux comités de programme de cycles supérieurs. Cette question est réglée dans plusieurs universités, mais la notion d’inclusion semble différente à l’UQAM!

La priorité à l’académique doit se traduire par des gestes concrets en faveur des chargées, chargés de cours qui consacrent l’essentiel de leur énergie à la formation des étudiantes et étudiants. L’UQAM doit montrer l’importance qu’elle accorde à leur cheminement professionnel. Cela passe notamment par une sérieuse réflexion sur notre statut précaire et la stabilisation de nos emplois. Nous souhaitons également que nos collègues qui font de la recherche et de la recherche-création puissent être mieux soutenus par l’UQAM. Améliorer le recrutement étudiant ne pourra pas se faire sans un plus grand soutien sur le plan académique, notamment face aux étudiantes et étudiants en situation de handicap ou dans le développement de l’enseignement en ligne. L’UQAM doit se donner les moyens pour un enseignement de qualité. D’ailleurs, l’enseignement en ligne n’est pas la solution miracle pour contrer la baisse des effectifs étudiants. D’autant plus que l’UQAM ne pourra pas développer une offre de cours en ligne de qualité sans s’entendre avec nous sur les conditions de travail.

Nous pensons qu’il ne faut pas être résigné face à la baisse d’effectifs, mais penser au long terme. La démographie devrait être favorable pour le recrutement dans les prochaines années. Ainsi, une coupe dans les offres de cours et de programmes pourrait nuire au recrutement futur. Les prochaines années pourraient être difficiles pour l’UQAM, mais ce n’est pas la première tempête qu’affronte notre université et nous l’affronterons à nouveau.

Le financement de l’université est directement relié à l’effectif étudiant. La formule de financement nous était favorable, mais ne le sera plus en 2024. Nous avons besoin d’une personne au rectorat qui puisse défendre l’UQAM avec vigueur au ministère et revendiquer une révision de la formule de financement. Pour cela, nous serons toujours prêts à défendre les spécificités de l’UQAM. Une attitude passive et attentiste nous semble dangereuse. La compétition entre les universités nous entraîne vers des aberrations qui nuisent à l’UQAM. Le gouvernement doit arrêter cette compétition malsaine et plutôt réinvestir dans l’enseignement supérieur. Nous avons besoin d’une personne qui exercera un véritable leadership auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et du Bureau de coopération interuniversitaire. Nous avons également besoin d’une personne qui défendra et qui déploiera les efforts requis pour faire rayonner l’UQAM aux plans local, national et international.

Nous avons toutes et tous en mémoire les événements malheureux de 2015 où la direction de l’UQAM n’avait pas su maintenir l’harmonie au sein de la communauté uqamienne. Les relations entre la direction et les associations étudiantes ne sont pas à leur meilleur et les syndicats dénoncent régulièrement de mauvaises relations de travail avec l’université. Il est important que la nouvelle personne au rectorat soit capable de rebâtir les liens de confiance avec les divers groupes de la communauté, c’est-à-dire être à l’écoute des syndicats et des associations étudiantes. Une communauté uqamienne plus unie ne peut qu’être bénéfique.

Quoiqu’il en soit, le 14 novembre dernier le Comité de sélection a annoncé les résultats de la consultation qui tentait de départager Catherine Mounier et Jean-Christian Pleau. Devant l’absence d’une personne qui se démarquait clairement et le nombre de votes qui désignait « aucune de ces deux personnes », le Comité a décidé de lancer une nouvelle procédure dans les prochaines semaines.

Pour nous, il est primordial que la prochaine rectrice ou le prochain recteur associe les chargées et chargés de cours au développement de l’UQAM. Nous devons être partie prenante des grandes orientations et décisions de l’université et cela passe indéniablement par une collégialité participative.

Olivier Aubry, président