La partie patronale réagit aux demandes du SPPEUQAM
Après une première rencontre de dépôt des cahiers de demandes respectives le 11 janvier dernier, la négociation sur l’enseignement en ligne s’est poursuivie les 16 et 22 février; le comité patronal a présenté ses réactions face aux demandes du SPPEUQAM, ce qui a confirmé que les deux parties ont des visions diamétralement opposées de l’enseignement en ligne, car la direction maintient sa position selon laquelle les cours en ligne ne requièrent aucune condition particulière à inclure dans la convention collective.
La position de la direction dans cette négociation consiste à imposer aux personnes chargées de cours une série de reculs par rapport à la lettre d’entente 22-017, qui donne des conditions de travail bonifiées pour l’enseignement en ligne. Les membres du SPPEUQAM avaient exigé ces gains lors de la dernière négociation et avaient obtenu le processus de renégociation actuel comme moyen de mieux encadrer l’enseignement en ligne, alors que la partie patronale n’était pas prête à négocier. Aujourd’hui, la direction nous demande de laisser de côté la compensation financière octroyée lors de l’enseignement d’un cours en ligne pour une première fois, d’abandonner la régulation de la taille des groupes-cours, de diminuer notre représentation dans les instances universitaires et de laisser tomber la rémunération de nos heures de formation. Autrement dit, notre employeur nous demande d’abandonner les acquis de la dernière négo.
Lors de nos échanges avec le comité patronal, nous avons pu constater que sa position sur l’enseignement en ligne s’appuie sur trois mythes que les personnes chargées de cours devront réfuter afin de faire entendre raison à leur employeur. Premièrement, la direction estime que l’enseignement en ligne est équivalent à l’enseignement en présence. Elle ne reconnait pas la surcharge de travail qu’entraîne le fait d’enseigner en ligne, notamment les heures supplémentaire que les personnes chargées de cours doivent consacrer à élaborer des stratégies pédagogiques distinctes. C’est pour cette raison que l’université souhaite appliquer aux cours en ligne la convention collective en vigueur pour l’enseignement en présence. Les membres du SPPEUQAM ont quant à eux exprimé à de nombreuses reprises qu’un cours en ligne est très différent d’un cours en présence. Pour arriver à un résultat pédagogique équivalent, il faut travailler davantage pour un cours en ligne et les personnes chargées de cours n’ont pas à faire ce travail bénévolement.
Deuxièmement, notre employeur pense que la situation des personnes chargées de cours est comparable à celle des personnes professeures. Pour justifier les reculs qu’il souhaite nous imposer, le comité patronal nous a remis un extrait de la nouvelle convention collective du SPUQ, selon laquelle un cours en ligne donne les mêmes conditions de travail qu’un cours en présence. La partie patronale omet de mentionner que la réalité des personnes professeures est bien différente de la nôtre. Les professeurs ont un salaire annuel et les règles d’attribution font en sorte qu’elles et ils sont en mesure de planifier leur tâche d’enseignement des mois à l’avance. Les personnes chargées de cours vivent dans la précarité, doivent souvent travailler ailleurs qu’à l’UQAM et apprennent parfois à la dernière minute qu’elles doivent enseigner un cours. Par ailleurs, quand les personnes professeures suivent des formations, il s’agit d’une tâche incluse dans leur temps de travail pour lequel elles sont rémunérées. Au contraire, les personnes chargées de cours sont rémunérées à contrat et suivre des formations gratuitement revient à faire du bénévolat au service de l’employeur. De plus, les personnes professeures n’ont pas besoin d’un contrôle accru de leur convention collective sur les questions d’enseignement en ligne puisqu’elles exercent un pouvoir décisionnel dans les instances académiques qui décident des modalités d’enseignement.
C’est justement là le cœur du troisième mythe sur lequel s’appuie la position de l’employeur. La direction pense que les enjeux relatifs à l’enseignement en ligne sont des questions académiques, étrangères à nos conditions de travail. L’employeur s’oppose par exemple à ce que la taille des groupes et des éléments liés aux modalités d’enseignement figure à notre convention collective ou qu’elles soient décidées par un comité paritaire. Il souhaite préserver son droit de gérance sur ces questions, tout en rappelant que les personnes chargées de cours sont représentées dans les instances qui décident de ces questions. Au contraire, nous savons que le pouvoir de déterminer des modalités d’enseignement affecte directement nos conditions de travail. La structure académique universitaire affecte bel et bien nos conditions de travail quand notre tâche est de nature académique. Pour protéger nos conditions de travail, les instances institutionnelles où nous avons des personnes représentantes minoritaires, parfois sans droit de vote, ne sont pas une garantie suffisante. Des conditions de travail, ça se protège avec une convention collective!
La négociation se poursuivra le 19 mars prochain. Au plaisir d’échanger avec vous de vive voix, chères et chers membres du SPPEUQAM, lors de la prochaine instance!