La vice-présidente aux affaires universitaires du SPPEUQAM, Nathalie Blanchet, a fait une belle et fructueuse rencontre récemment en la personne de François Jarry, un des plus réputés marathoniens au pays. Voici, sous forme d’article, ce que lui a inspiré cette rencontre.
François Jarry : Coureur d’élite et nouveau chargé de cours
J’ai rencontré François « aux champignons ». Pas encore tout à fait réveillée, dans un autobus bondé, aux petites heures un beau dimanche matin, j’entends cette phrase quelques bancs derrière moi : « Je me prépare pour un marathon ». Ding, ding, ding! Mon runner’s high embarque, mon sang fait un tour, mon corps un demi, pour voir qui a dit le mot « marathon »!
Je coupe poliment la parole à François et sa partenaire de banquette, avec qui il fait connaissance, pour jaser course à pied… premier marathon la semaine passée… blablabla… mal aux cuisses… blablabla… circuit rapide… au-delà de mes objectifs…
Il faut savoir que François, mon nouvel ami, est hyper sympathique, facile d’approche, jase et s’intéresse aux autres. « Je vise dessous les 2 h 20, je vais essayer, j’aimerais ça franchir cette barre-là ». Ce que François vient de me dire, c’est qu’il souhaite réaliser son meilleur temps pour le marathon de Toronto dimanche prochain (16 octobre), soit de courir 42,2 km en moins de 2 heures 20 minutes… Je suis définitivement encore endormie, je me dis qu’il est un peu crinqué, et je lui souhaite bonne chance.
La randonnée mycologique fut des plus sympathique et oxygénante. Au retour, plongée dans une revue de course, je tombe sur un article sur les athlètes d’élite aux Championnats du monde d’athlétisme. Je vois les temps des records canadiens du marathon… Cette fois je suis tout à fait réveillée, j’ouvre les yeux grands et je me retourne lentement pour fixer François… on a, dans notre autobus, un VRAI coureur d’élite!
Évidemment, je vais le bombarder de questions sur le chemin du retour. Il restera humble et modeste jusqu’à la fin, m’invitant du bout des lèvres à écouter son podcast (balado) Le monde de la course (qui compte à ce jour 99 épisodes!!!), me rappelant qu’il a eu un portrait dans la revue que je lisais (La (très) grosse commande de François Jarry, KMag printemps 2020).
De retour chez moi, j’apprends que notre collègue François partira 16e tête de série à la ligne de départ à Toronto, son nom bien en vue sur son dossard au côté des coureurs et coureuses les plus rapides au monde. Je suis époustouflée et j’ai eu envie de vous le faire connaître un peu. Voici donc une entrevue avec notre nouveau collègue, chargé de cours au Département des sciences de l’activité physique, François Jarry, ce sympathique marathonien.
Salut François! Et puis, dis-moi, comment s’est passé ton marathon?
Je me sentais bien, il faisait super beau on était gâté, j’étais confiant. Malheureusement, je n’ai pas réalisé mon objectif, j’ai eu une fin de course un peu difficile entre le 33e et 35e km c’était pénible, j’ai dû ralentir un peu à cause de crampes à l’estomac. (François a fait un temps de 2 h 22, une vitesse de 3,23 min/km!!!!! Essayez ça pour voir!)
J’étais quand même déçu de ma performance à Toronto, mais une chance que j’ai fini la course, car ça m’a permis d’enregistrer un temps qui est suffisant pour me qualifier pour les courses suivantes. C’était mon premier marathon depuis 3 ans, à cause de la pandémie, maintenant je me réessaie à Houston le 15 janvier prochain. Je suis sur une belle lancée cette année, avec un bon millage, si je continue sur cette progression, j’ai espoir d’atteindre mon objectif à Houston qui est un parcours super rapide.
Est-ce que tu as des espoirs olympiques? Paris en 2024?
Plus maintenant, quand j’étais plus jeune et que je progressais rapidement peut-être, mais le niveau a tellement explosé ses dernières années, on a des coureurs canadiens qui font 2 h 10. Mes objectifs les plus élevés présentement seraient de faire les Jeux Pan américains ou ceux de la Francophonie où c’est peut-être plus facile de se qualifier et se faufiler quand les top top top misent sur les Olympiques ou les Championnats mondiaux. Mais surtout, l’objectif, si on veut, j’aimerais ça faire en bas de 2 h 17 et 55 sec. Parce que c’est la deuxième meilleure performance québécoise de tous les temps.
Pour arriver à maintenir cette vitesse et même espérer aller chercher ces 4 secondes par km pour atteindre ton objectif, dans quel état d’esprit tu dois être?
Au début du marathon je pense surtout à rester calme et pas trop m’exciter, rester efficace, apprécier le moment; comme à Toronto d’être sur la ligne de départ après 3 ans au côté de plein de coureurs de mon niveau avec qui je pouvais courir. Je regarde ma montre, je ne vais pas trop vite, après ça par contre, dans la partie la plus difficile, quand les muscles commencent à faillir, c’est dur. Je me parle, je fais des bruits (François fait un wraaaagh! bien senti), je me répète : maintien le rythme, 2 h 20…
J’ai regardé la course en direct, à un moment tu courais avec les femmes élites mondiales, est-ce que vous vous tenez comme ça en petits pelotons?
Oui, tout à fait, c’est un avantage mentalement, c’est plus facile aussi, car les gens devant vont te bloquer le vent. Ce n’était pas un plan de suivre les femmes, mais elles ont couru un peu plus vite que prévu et moi un peu moins, alors quand je les ai vu me dépasser, je me suis dit : ok faut que j’embarque dans le train sinon je n’ai pas mon objectif. Ça m’a redonné un peu de motivation, c’était le fun aussi quand j’ai eu ma crampe, il y a une des femmes qui était l’ancienne gagnante de l’année précédente, qui était en train de perdre la cadence et s’éloigner du groupe et quand je l’ai repassé j’ai dit : let’s go on va les chercher! Éventuellement elle revenue et c’était le fun de voir que je ne suis pas le seul qui souffre et qu’on peut donner une petite poussée en motivant une autre personne. Aussi, c’était super cool de courir auprès des femmes internationales, des élites de super haut calibre, je me sentais vraiment choyé d’être parmi elles.
C’est ta première charge de cours à l’UQAM, comment tu trouves ça?
J’enseigne le cours KIN1414 – Enseigner l’agir en éducation physique et à la santé au secondaire 2. C’est un nouveau défi, c’est définitivement une autre dynamique à laquelle je suis habitué, j’enseigne au primaire, maternelle, 1e, 2e année alors d’avoir quelques-uns des étudiants plus vieux que moi ça peut être intimidant, mais ça se passe vraiment bien. Ça va prendre un peu de temps pour être comme un poisson dans l’eau!
Un peu de millage François et ça devrait aller!
On te souhaite bonne chance pour ton prochain défi à Houston et une très belle continuité dans ta session!