À titre de vice-président à l’information du SPPEUQAM, j’ai, le 21 octobre, eu une conversation d’une vingtaine de minutes avec Verushka Lieutenant-Duval, chargée de cours en Histoire de l’art à l’UQAM et à l’Université de Sherbrooke. Comme vous le savez sans doute, elle enseigne également à l’Université d’Ottawa, à titre de professeure à temps partiel, une dénomination professionnelle qui correspond à celle de chargée de cours.
Je l’ai informée que notre Assemblée générale du 21 octobre avait voté une résolution confirmant, entre autres, notre solidarité à son endroit, ce qui l’a vraiment touchée. Elle reçoit d’ailleurs plusieurs messages de solidarité, particulièrement de personnes enseignant au Québec, un peu d’Ontario et de plus en plus en provenance de France. Malheureusement, elle a été, à l’inverse, victime d’intimidation sur les réseaux sociaux depuis le début du mois d’octobre. Espérons que cela cesse!
À l’Université d’Ottawa, une université bilingue, elle donne actuellement, en anglais, un cours en Histoire de l’art, intitulé « Art and gender » pour un groupe en arts visuels, et un autre cours en communication, en français. Elle se sent moins à l’aise en anglais, ne maîtrisant pas parfaitement cette langue. Elle ne postulera vraisemblablement plus pour ce cours en arts visuels, en anglais, mais elle est toujours intéressée de le prodiguer en français. Sans doute aussi que la polémique et la tempête qu’elle a dû affronter depuis le 1er octobre y est aussi pour quelque chose, mais c’est mon interprétation…
La direction de l’Université d’Ottawa a scindé son cours « Art and gender » en deux groupes, un groupe pour elle et un nouveau groupe pour une autre personne enseignante. Il y avait 45 personnes inscrites à son cours quand la tempête a éclaté. L’université a transféré toutes les inscriptions au nouveau groupe et les étudiantes et étudiants qui désirent revenir avec elle doivent le signifier à l’administration. Pour le moment, une seule personne a fait l’exercice et suit son cours en Histoire de l’art…
Verushka Lieutenant-Duval adore enseigner et cela se sent! Malheureusement, à l’UQAM, comme plusieurs d’entre nous, elle peine à obtenir du travail. Elle « réussit » en effet à avoir seulement une charge par année, le cours HAR1090, « Pratiques créatrices et interdisciplinarité », qui est offert en Création littéraire, bien qu’elle a nettement la compétence pour donner plusieurs autres cours. Aussi, lorsque l’on regarde son parcours professionnel et académique pour le droit des minorités et le sujet de ses recherches, cela apparaît évident qu’elle est loin d’être une apôtre de la discrimination et du racisme. Son syndicat, à l’Université d’Ottawa, mentionnait d’ailleurs récemment que Verushka Lieutenant-Duval est « une alliée engagée dans la communauté BIPOC (Black, Indigenous and People of Color), dans la mesure où elle encourage les nombreuses initiatives de la communauté, et a notamment participé le mois dernier à la Grève des universitaires pour la justice raciale au Canada. Elle est parfaitement consciente des conséquences de la misogynie, de la discrimination et de l’oppression au sein de l’Université d’Ottawa (voir le texte « Déclaration publique de l’Association des professeur.e.s à temps partiel de l’Université d’Ottawa », dans la section Monde de l’Éducation de cette infolettre).
Plusieurs articles de journaux et lettres d’opinion ont été publiés depuis la parution de la chronique d’Isabelle Hachey. En complément de cette chronique, je vous invite à écouter les entrevues que notre collègue Verushka Lieutenant-Duval a données à Patrick Masbourian, à ICI Première, pour l’émission « Tout un matin » et celle diffusée au Téléjournal 18h, avec Patrice Roy.