Si l’on veut réellement servir la vérité mieux vaut y laisser s’exprimer toutes les théories, toutes les opinions informées, tous les arguments
Dans Le Devoir de jeudi dernier, Thomas Davignon justifie la censure dont font les frais certains intellectuels dans les universités au motif que celles-ci ne sont pas un «espace de débat idéologique», mais des lieux de savoir consacrés au «progrès de la connaissance objective». Il en conclut qu’il est donc parfaitement justifié que n’y aient «droit de cité» ni «la rhétorique populiste» ni «le pseudo-intellectualisme pamphlétaire», pas plus que «les idéologues prosélytes». Saute malheureusement aux yeux, à la lecture de ce texte, la suffisance remarquable de son auteur, qui sépare doctement le bon grain de l’ivraie, mais sans jamais prendre la peine de définir les termes au nom desquels il opère cette série de distinctions, termes qui sont pourtant hautement problématiques: qu’est-ce en effet que ce «pseudo-intellectualisme» qu’il condamne et en quoi se distingue-t-il du vrai ?