Le mot « polarisation » est si fréquemment employé par les observateurs de la scène politique américaine qu’il en a perdu une partie de son sens, écrit Rafael Jacob, chargé de cours et chercheur associé à la Chaire Raoul-Dandurand, dans L’actualité. On l’utilise pour décrire ce qui est essentiellement des tensions et oppositions naturelles dans un débat public. Or, la « polarisation » renvoie à plus qu’un simple désaccord : elle signifie que deux camps épousent des positions totalement irréconciliables. Même dans les États-Unis de 2025, même avec tous les enjeux pouvant diviser démocrates et républicains, il ne s’agit pas toujours de questions qui polarisent. Par exemple, si démocrates et républicains débattent continuellement du niveau d’imposition approprié à adopter, ils s’entendent généralement — peut-être nonobstant des factions comme le défunt mouvement du Tea Party, à droite, ou celui des Démocrates socialistes d’Amérique, à gauche — sur les rouages de base du système fiscal. Pendant longtemps, cette saine dynamique démocratique s’observait également au sujet de l’immigration. Jusque vers les débuts du XXIe siècle, démocrates et républicains à Washington partageaient un paradigme de base : l’encouragement d’un système d’immigration relativement généreux, avec des promesses répétées de combattre l’immigration illégale.