Le département de médecine d’urgence de l’Université de New York (NYU), où la docteure Joanne Liu, ancienne présidente internationale de Médecins sans frontières, a étudié, voulaient qu’elle expose ses idées sur les défis du travail humanitaire quand ils l’ont invitée il y a un an à venir s’adresser à eux. Sa conférence devait avoir lieu le 19 mars, mais a été annulée in extremis par l’Université. « C’est impressionnant de voir la peur qui règne aux États-Unis en ce moment, a-t-elle dit à Laura-Julie Perreault de La Presse. Ce qu’on voit, c’est de l’autocensure excessive et de la surobéissance. » Pour ne pas se faire remarquer par la Maison-Blanche et les sbires des départements de la Justice et de l’Éducation qui mènent une chasse aux sorcières dans une soixantaine d’universités, des milliers d’intellectuels se censurent, se taisent. Et de notre côté de la frontière ? « On est plus que des spectateurs. On est malheureusement des acteurs dans le psychodrame américain », m’a dit hier Daniel Jutras, le recteur de l’Université de Montréal. Le pasteur allemand Martin Niemöller a écrit en 1947 : « D’abord ils sont venus pour les communistes et je n’ai rien dit parce que je n’étais pas communiste. Ensuite, ils sont venus pour les socialistes et je n’ai rien dit parce que je ne suis pas socialiste. Ensuite, ils sont venus pour les Juifs et je n’ai rien dit parce que je ne suis pas juif. Ensuite, ils sont venus pour moi et il ne restait plus personne pour dire quoi que ce soit. »