Des publicités ont été affichées récemment à travers Montréal, reprenant le visuel de la campagne de financement de l’UQAM, mais en modifiant son message, afin de dénoncer les problèmes perçus par rapport au Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement sexuel de l’UQAM.
« Sortir en pleurs du bureau de prévention du harcèlement. C’est aussi ça l’effet UQAM », « Le bureau de prévention du harcèlement. Là où on vous dira qu’on ne peut rien pour vous », pouvait-on lire sur certaines pancartes. Un mot clic #pourquoijaipasdénoncé les accompagnait, illustrant les motivations derrière cette campagne qui n’a pas été revendiquée.
L’UQAM a vite réagi en demandant au propriétaire des supports publicitaires, Astral Media, de retirer « les fausses publicités ».
Pour lire l’article du Devoir sur la question, cliquez ici.
Les images de cette action autonome féministe ont largement circulé sur les médias sociaux en étant accompagnées du texte suivant :
Alors que les mouvements massifs de dénonciation de harcèlement et d’agressions sexuelles de la dernière année mettent les violences sexuelles sous les projecteurs et augmentent considérablement les demandes d’aides auprès de ressources spécialisées en la matière, les institutions universitaires ne se dotent pas des moyens nécessaires pour lutter contre cet enjeu de taille. À l’UQAM, nous exigeons la fin de l’hypocrisie de l’administration face à ces enjeux et un meilleur traitement des plaintes par le Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement (BIPH), qui valorise davantage la réputation du corps professoral que la sécurité de la population étudiante.
En 2014 déjà, « le stickergate » était la manifestation d’un sentiment profond de méfiance face au traitement différencié réservé aux victimes de harcèlement ou d’agressions sexistes comparativement à celui de leurs agresseurs. Aujourd’hui, nous souhaitons réaffirmer l’urgence de la lutte contre les violences sexistes au sein de notre université. Nous dénonçons le double discours de l’administration de l’UQAM qui appelle les personnes ciblées par les violences sexistes à avoir recours aux ressources institutionnelles et à dénoncer leurs agressions, alors que les services offerts par l’institution sont largement inadéquats.
Ces services ne sont effectivement en accord ni avec les savoirs et pratiques enseignées dans les départements uqamiens (travail social, sexologie, etc.), ni avec les pratiques recommandées par les approches professionnelles féministes.
À l’UQAM comme partout ailleurs, le traitement réservé aux survivantes et survivants qui sortent du silence, plus particulièrement encore depuis la vague de dénonciation de #metoo, rappelle à celles et ceux-ci que leur voix comptent moins que la protection de la réputation et de l’anonymat de leur(s) agresseur(s).
Alors que l’UQAM se vente de prendre ses responsabilités en matière de violences sexuelles, la façon dont l’université traite les étudiantes et étudiants qui font appel à ses services fait douloureusement écho au phénomène de seconde victimisation sexiste que les institutions médiatiques, policières, judiciaire et politiques font subir aux personnes qui dénoncent.
Le Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement de l’UQAM (BIPH), plutôt que de remplir son rôle et d’accueillir, d’accompagner et de prendre les mesures nécessaires pour fournir un environnement sécuritaire à ses étudiant-e-s et employé-e-s, enseigne plutôt à celles et ceux-ci à se taire en reproduisant des dynamiques de revictimisation.
Sous le couvert de la présomption d’innocence, on protège l’agresseur et ce faisant, on décrédibilise celles et ceux qui portent plainte. On s’attend à ce qu’une université qui enseigne l’esprit critique et qu’on imagine à l’avant-garde des méthodes d’intervention offre mieux que la reproduction de mythes sur la sexualité et la dépossession des personne trouvant le courage de parler, de dénoncer ou de faire une plainte.
Nous dénonçons le manque de volonté de l’UQAM à remplir son rôle de sensibilisation et à veiller à ce que son corps professoral ou tout individu en situation d’autorité soit sensibilisé aux enjeux de violences à caractère sexuel.
Nous dénonçons l’inaction de l’UQAM face à la reproduction de la culture du viol par certain-e-s de ses employé-e-s, de son corps professoral et de ses cadres.
Nous dénonçons le simulacre de services et d’intervention que l’UQAM offre aux étudiant-e-s, qui ressortent trop souvent du BIPH avec un sentiment de découragement et de trahison.
Nous dénonçons la violence de certaines procédures qui consistent à respecter l’anonymat des personnes ayant violé l’intégrité physique et/ou psychologique des personnes avec qui ils ont une relation d’autorité, permettant à ces agresseurs de poursuivre leur carrière en ayant parfois comme simple contrainte celle de changer d’établissement d’enseignement.
Nous exigeons l’embauche de personnel ayant une compréhension des dynamiques et des enjeux en matière d’agressions et de harcèlement sexuel en tant que manifestations de violences sexistes pour accueillir et accompagner les étudiant.es dans leurs démarches de plaintes.
Nous exigeons que ces personnes et leurs services s’inscrivent dans une approche féministe radicale, et non dans une perspective administrative et complaisante. Le BIPH se doit de remplir ses fonctions avec courage. Il est grand temps que cesse la parade procédurale qui au final ne mène à rien sinon à donner à l’université la possibilité de se donner bonne conscience et de préserver une belle image.
Nous exigeons la fin de l’hypocrisie de l’administration de l’UQAM. Nous refusons que notre université se prétende conscientisée et sécuritaire à des fins publicitaires. Nous ne pouvons garder le silence sachant que les services sont offerts différemment en fonction du statut de la personne plaignante et que les exigences administratives et procédurales ont préséance sur la sécurité et la justice.