Quelques pages d’histoire syndicale et politique en mai


Classé dans : Monde syndical | 0

Nous publions une fois par mois un texte recensant quelques pages marquantes de l’histoire syndicale et politique. Ce texte est réalisé en collaboration avec l’Association internationale des machinistes et des travailleurs et des travailleuses de l’aérospatiale et le chargé de cours Michel-Philippe Robitaille.

1er mai : Déclenchement d’une grève générale pour la journée de 8 heures (1886)

En 1884, les syndicats américains décident de se mobiliser en vue d’une réduction de la durée de la journée de travail. Ils se donnent deux ans pour obtenir la journée de 8 heures. Ils déclenchent une grève générale le 1er mai 1886. Le 3 mai, lors d’un rassemblement au Haymarket Square de Chicago, une bombe explose, tuant sept policiers. Plusieurs travailleurs sont tués quand des policiers, en réaction à l’explosion, tirent sur la foule. Huit travailleurs seront plus tard accusés à tort de l’attaque et cinq d’entre eux sont condamnés à mort. En 1889, l’Internationale Ouvrière décide de faire du 1er mai une journée de grève et de mobilisation pour l’obtention de la journée de 8 heures. Le 1er mai reste aujourd’hui la Journée internationale des travailleuses et des travailleurs, une journée de commémoration des luttes passées et de mobilisation pour les droits des travailleuses et des travailleurs partout dans le monde. Pour plus d’information sur l’histoire du 1er mai, voir cet article de Wikipédia.

1er mai : Saskatchewan Government Insurance vend sa première politique (1945)

Le gouvernement socialiste dirigé par le premier ministre Tommy Douglas adopte le premier régime public d’assurance-maladie de la province. C’est ce régime universel d’assurance-hospitalisation qui pave la voie à l’accès universel et gratuit aux soins de santé au Canada. Pour plus d’information, lisez cet article sur Tommy Douglas ainsi que cet article sur la politique sur la santé, tous deux de L’Encyclopédie canadienne.

1er mai : Shirley Carr devient la première femme à présider le CTC (1986)

Shirley Carr développe son militantisme syndical dans les années 1960 et occupe des postes exécutifs au sein du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP). Elle devient vice-présidente exécutive du Congrès du travail du Canada (CTC) en 1974, puis présidente de cette centrale syndicale en 1986. Carr est la première femme et la première personne issue de la fonction publique à occuper ce poste. À la fois les femmes et les fonctionnaires deviennent de plus en plus actifs au sein du mouvement syndical pendant son règne. Carr renforce les liens cultivés avec le Nouveau Parti démocratique (NPD) pendant sa présidence. À l’échelle locale, elle est active auprès de groupes communautaires et, sur la scène internationale, au sein de l’Organisation internationale du travail (OIT). Elle est à l’origine de la longue campagne menée par le CTC contre l’accord commercial négocié par le gouvernement Mulroney avec les États-Unis. Pour plus d’information, lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.

2 mai : Jack Layton mène le NPD à former l’Opposition officielle à la Chambre des communes (2011)

L’honorable Jack Layton a dirigé le Nouveau Parti démocratique de 2003 jusqu’à son décès en 2011. Sous sa gouverne, le NPD accède au rang d’Opposition officielle de la Chambre des communes pour la première fois. En 2011, au début du printemps, la tenue d’un vote de défiance force le déclenchement d’une élection à l’issue de laquelle le NPD remporte un nombre record de sièges. Le parti réalise ses gains les plus importants au Québec en remportant 59 des 79 sièges en jeu. Avant l’élection de 2011, il n’y détenait qu’un seul siège. Pour plus d’information, lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.

3 mai : La Canadian Labour Protective & Mutual Improvement Association voit le jour (1872)

Après l’échec de la grève des imprimeurs à Toronto, le leader syndical et syndicaliste John Hewitt fonde la Canadian Labour Protective & Mutual Improvement Association à une époque où les syndicats ouvriers sont considérés illégaux. L’organisation participe au Mouvement pour une journée de travail de neuf heures de janvier à juin de cette année-là. Pour plus d’information, lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.

9 mai : 26 mineurs perdent la vie dans le désastre de Westray à Plymouth, Nouvelle-Écosse (1992)

La mine dans le comté de Pictou est ouvert depuis moins d’un an lorsque survient la tragédie. Depuis son ouverture, le site est exposé à des risques d’explosion de gaz de méthane. Voulant perpétuer la tradition de l’exploitation minière du charbon, le gouvernement provincial y joue un rôle depuis les débuts. Le ministère du Travail de la Nouvelle-Écosse est le premier intervenant à soulever des préoccupations concernant la sécurité avant même l’ouverture de la mine. En raison de facteurs géologiques, le ministère des Ressources naturelles avait presque été jusqu’à annuler le permis d’exploitation. Une fois la mine opérationnelle, le ministère du Travail inspecte le site et découvre que la poussière de charbon inflammable n’était jamais nettoyée. Une ordonnance est rendue pour assurer une ventilation adéquate de la mine, mais elle ne sera jamais exécutée. À 5 h 20 un samedi matin, 26 mineurs âgés d’entre 22 et 56 ans sont au travail dans le tunnel sud-ouest 2 lorsque du gaz de méthane s’enflamme. S’ensuit une explosion massive. Les corps de 11 mineurs tués ne seront jamais retrouvés, et des douzaines d’enfants sont laissés orphelins de leur père. Une enquête officielle est ordonnée après le désastre. Le juge K. Peter Richard de la Cour suprême de la Nouvelle-Écosse veille à la production d’un rapport de 800 pages qui s’intitule The Westray Story – A Predictable Path to Disaster et formule un total de 74 recommandations. Les dirigeants de la mine, des bureaucrates et des politiciens essuient tous des blâmes. En 2004, le gouvernement fédéral adopte le projet de loi C-45 pour rendre les entreprises criminellement responsables si elles négligent la sécurité de leurs employés dans le milieu de travail. Pour plus d’information, lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.

14 mai : Décès de la syndicaliste anarchiste Emma Goldman à Toronto (1940)

Emma Goldman est une anarchiste, une activiste et une auteure. Née en Russie, elle émigre aux États-Unis d’Amérique avec sa famille et finit par s’établir dans le quartier Lower East Side de Manhattan. C’est là où elle devient une figure de proue des mouvements anarchiste et progressiste du 20e siècle. Goldman défend vigoureusement les droits des femmes et les droits des travailleurs. En janvier 1928, elle prononce une série de discours à Toronto et décide de s’y installer pour faire avancer le mouvement anarchiste au Canada. Pour plus d’information, lisez cet article du Heritage Toronto et cet article sur Wikipédia.

15 mai : À Hamilton (Ontario), des travailleurs prennent d’assaut les rues de la ville pour exiger des journées de travail plus courtes (1872)

Le Mouvement pour une journée de travail de neuf heures est un mouvement international qui se manifeste au Canada de janvier à juin 1872. Le mouvement prend son envol à Hamilton, où des travailleurs revendiquent des heures de travail plus courtes et réglementées. Au total, 1 500 travailleurs, soit pratiquement tous les gens de métier qualifiés de la ville, participent à la manifestation. Le mouvement aboutit à un échec, mais donne lieu à la fondation du Canadian Labour Union (CLU), l’année suivante. Pour plus d’information, lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.

15 mai : Début de la grève générale de Winnipeg (1919)

Cette célèbre grève dure jusqu’au 25 juin. Au Canada, la fin de la Première Guerre mondiale est marquée par une inflation élevée, le chômage et des troubles politiques dans la foulée de la Révolution russe. Le Congrès des métiers et du travail de Winnipeg (CMTW) lance l’ordre de grève générale après la rupture des négociations entre des travailleurs de la construction et métallurgistes, d’un côté, et des employeurs, de l’autre. Au total, 30 000 travailleurs y participent, et les secteurs public et privé unissent leurs forces pour paralyser l’ensemble de la ville. Le nouveau comité central de coordination réunit des représentants de tous les syndicats membres du CMTW. Un comité citoyen est formé de 1 000 opposants à la grève issus de l’élite d’affaires. Le gouvernement fédéral finit par intervenir à la demande de ce comité citoyen et arrête dix dirigeants de la grève le 17 juin. Le 21 juin, la Police à cheval du Nord-Ouest charge une foule de grévistes, tuant une personne, et le centre-ville est pris d’assaut par des troupes. Les travailleurs reprennent leur poste peu de temps après. Pour plus d’information, lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.

15 mai : Grève de six semaines des travailleurs du bois de la C.-B. (1946)

Les travailleurs du bois obtiennent le droit de négocier en 1943. En 1946, une première grève est déclenchée par le district 1, en Colombie-Britannique, de l’International Woodworkers of America (IWA). Cette grève s’inscrit dans une plus vaste vague de débrayages dans la foulée de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Les travailleurs exigent des augmentations de salaire et une réduction de leurs heures de travail. Au total, 27 000 travailleurs y prennent part. Le gouvernement fédéral finit par intervenir et présente une offre qui est rejetée par les travailleurs. S’ensuit une marche jusqu’à Victoria à laquelle participent 3 000 travailleurs toujours en grève. Un règlement obtenu par la médiation et applicable à l’ensemble de l’industrie met fin à la grève. Pour plus d’information, lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.

18 mai : Adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi 78 (2012)

Après trois mois de grève étudiante visant à bloquer la hausse drastique des droits de scolarité imposée par le gouvernement libéral de Jean Charest, la nouvelle ministre de l’éducation, Michelle Courchesne, dépose un projet de loi spéciale visant à restreindre le droit de manifester autour des établissements d’enseignement. Le projet de loi 78, devenu loi 12, prévoyait de fortes amendes pour les gens qui empêcheraient les étudiants de se rendre à leurs cours et pour les organisateurs de manifestations qui ne fourniraient pas préalablement leur itinéraire à la police. L’adoption de la loi a déclenché un vaste mouvement de manifestations, dans les quartiers de Montréal et d’ailleurs, connu comme le mouvement des casseroles. Les manifestations de casseroles en opposition à la loi spéciale constituent un des épisodes les plus marquant de la grève de 2012. Pour plus d’information sur la grève étudiante de 2012, voir cet article de l’Encyclopédie Canadienne.

20 mai : Des membres du Relief Project Workers Union occupent des bureaux gouvernementaux à Vancouver (1938)

Le Relief Project Workers Union succède au Relief Camp Workers Union (RCWU), affilié à la Workers Unity League. Elle est formé de travailleurs des camps établis par le gouvernement pendant la grande dépression pour créer de l’emploi. Plus de 1 000 manifestants occupent un bureau de poste pendant plus d’un mois. La Police montée royale du Canada les y enlève violemment le 18 juin. On dénombre des blessés dans les deux camps et 20 hommes sont arrêtés. Pour plus d’information, lisez cet article (en anglais seulement) sur Wikipédia.

26 mai : À Calgary et à Edmonton, des milliers de travailleurs manifestent en solidarité avec la grève générale de Winnipeg (1919)

Des grèves de solidarité ont lieu partout au Canada dans la foulée de la grève générale de Winnipeg, faisant écho au sentiment des travailleurs de cette ville. Lisez l’entrée du 15 mai sur la grève générale de Winnipeg ci-dessus pour plus d’information.