Nous publions une fois par mois un texte recensant quelques pages marquantes de l’histoire syndicale et politique. Ce texte est réalisé en collaboration avec l’Association internationale des machinistes et des travailleurs et des travailleuses de l’aérospatiale et le chargé de cours Michel-Philippe Robitaille.
3 avril : Approbation de la Commission Romanow par la gouverneure générale (2001)
Roy Romanow, ancien premier ministre de la Saskatchewan, a dirigé la Commission royale d’enquête sur l’avenir des soins de santé du Canada. La Commission a publié un rapport intitulé Guidé par nos valeurs – L’avenir des soins de santé au Canada, lequel est décrit comme posant des « jalons pour guider les Canadiens dans leurs efforts en vue de réformer et de renouveler leur système de santé ». Ce rapport dressait une liste de recommandations concernant un large éventail d’enjeux liés à la santé, dont une bonification de 15 milliards de dollars des montants affectés aux soins de santé provinciaux et territoriaux sur trois ans. Le rapport a été déposé à la Chambre des communes en novembre 2002. Ce fut un succès, le gouvernement du Canada ayant consenti au transfert d’un montant additionnel de 41 milliards de dollars sur dix ans aux provinces. Pour plus d’information lisez cet article de wikipedia et cet article (en anglais seulement) de L’Encyclopédie canadienne.
4 avril : Grève d’un syndicat de travailleurs de camp de secours en C.-B. et début de la Marche sur Ottawa (1935)
La radicale Ligue d’unité ouvrière organise une grève de 1 500 résidents des camps de secours, qui revendiquent de meilleures conditions et un meilleur traitement. Le siège commence à Vancouver et dure deux mois. Sont notamment occupés le magasin de la Compagnie de la baie d’Hudson, le musée et la bibliothèque de la ville. Au total, 20 000 grévistes et partisans participent à un défilé du 1er mai au parc Stanley. Les grévistes ont l’impression qu’ils n’atteignent pas leurs objectifs et passent donc à la « Marche sur Ottawa ». Pour plus d’information lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.
4 avril : Adhésion du Canada à l’OTAN (1949)
L’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord a été établie comme alliance militaire et politique. L’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord stipule « qu’une attaque armée contre l’une ou plusieurs d’entre elles […] sera considérée comme une attaque dirigée contre toutes les parties. » Le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ainsi que la Belgique, le Danemark, l’Islande, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Norvège et le Portugal ont été les nations participantes originales. C’est le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Lester B. Pearson, qui avait signé le Traité au nom du Canada, à Washington. Pour plus d’information lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.
7 avril : RBC remplace des employés canadiens par des travailleurs étrangers (2013)
Dans un geste controversé de la grande banque, des travailleurs étrangers sont appelés à remplacer 45 employés, dont certains se font même demander de former leur remplaçant. Selon RBC, cette décision a été prise simplement par nécessité de réduire les coûts. RBC a recours aux services d’iGate Corp, une agence de dotation en personnel de soutien aux TI, dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET). Les représentants du gouvernement sont à couteaux tirés avec RBC sur le respect des règles du programme, car l’objectif initial du PTET n’était pas le déplacement de travailleurs canadiens. Devant le tollé de protestations, le gouvernement fédéral annonce qu’il resserre les restrictions du programme tout en menant une enquête sur la situation.
8 avril : Débrayage de 4 000 travailleurs à l’usine de GM à Oshawa dans une tentative de syndicalisation (1937)
Du 8 au 23 avril, des employés de General Motors (GM) font la grève pour revendiquer la journée de travail de 8 heures, de meilleurs salaires, de meilleures conditions de travail ainsi que la reconnaissance du Syndicat des travailleurs unis de l’automobile (TUA). Deux ministres provinciaux, dont le ministre du Travail, démissionnent pendant la grève, car ils contestent la ligne dure adoptée par le premier ministre de l’Ontario à l’égard des grévistes, qui ont l’appui de la Fédération du commonwealth coopératif (la CCF) nouvellement formée. GM finit par céder parce que la grève lui coûte beaucoup trop cher. La plupart des demandes des grévistes sont satisfaites, à l’exception de celle touchant la reconnaissance syndicale. Cette victoire partielle a pavé la voie à un climat de syndicalisme industriel au Canada. Pour plus d’information lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne
11 avril : Début d’une grève de dix jours par 250 000 fonctionnaires membres du Front commun au Québec (1972)
En 1972, plusieurs syndicats s’unissent pour former le Front commun aux fins de négocier plus efficacement avec le gouvernement du Québec. La coalition se compose notamment de centrales syndicales – la Confédération des syndicats nationaux, la Fédération des travailleurs du Québec et la Centrale des enseignants du Québec – ainsi que de certains syndicats indépendants. Le Front commun fait la grève pendant dix jours, et le gouvernement y met fin au moyen d’une loi spéciale, d’une série d’injonctions pour obliger les fonctionnaires à reprendre le travail ainsi que de l’emprisonnement du président de chacune des trois centrales syndicales. Pour plus d’information lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.
14 avril : Un Torontois sur dix se joint aux imprimeurs en grève pour revendiquer la journée de travail de 9 heures (1872)
Le Mouvement pour une journée de travail de neuf heures voit le jour à Hamilton, en Ontario, et se déroule de janvier à juin. Il s’étend vers l’Est jusqu’à Toronto et Montréal en passant par de plus petites communautés comme Sarnia et Perth. Des travailleurs syndiqués et non syndiqués à la fois y participent. À Toronto, le mouvement est dirigé par J.S. Williams, imprimeur et éditeur d’Ontario Workman, un journal progressiste. Williams est affilié à la section locale 91 du syndicat des typographes de Toronto et lance le mouvement de grève contre les maîtres imprimeurs de Toronto, allant jusqu’à organiser une mobilisation de 10 000 manifestants. Il est arrêté pour complot pendant la manifestation. Pour plus d’information lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.
15 avril : Déclenchement d’une grève par les couturières de Montréal (1937)
Le 15 avril 1937, 5000 couturières affiliées à l’Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames déclenchent une grève qui allait durer trois semaines, à la suite d’une campagne de syndicalisation entamée en 1936. La grève de 1937 est votée le 7 avril devant le refus de la partie patronale de répondre aux demandes syndicales. Ces dernières incluent notamment la reconnaissance syndicale, une diminution de la semaine de travail de 55 à 44 heures et des augmentations salariales de 50%. Pour mettre fin au conflit, le premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, invoque la Loi du cadenas, qu’il vient de faire adopter et qui permet de faire fermer les locaux des organisations syndicales soupçonnées de faire la promotion du communisme. L’Union internationale des ouvriers du vêtement pour dames obtient gain de cause sur plusieurs de ses demandes et signe une entente avec la partie patronale le 10 mai 1937. Suite à ce conflit, le gouvernement adopte un salaire minimum légal l’automne suivant et met en place un tribunal d’arbitrage pour les conflits de travail. Pour plus d’information sur la grève des couturières de 1937, lire cet article du Répertoire du patrimoine culturel du Québec.
18 avril : Adoption de la Loi accordant aux femmes le droit de vote et d’éligibilité (1940)
Après une longue lutte menée par le mouvement féministe, l’assemblée législative du Québec adopte la Loi accordant aux femmes le droit de vote et d’éligibilité le 18 avril 1940, puis celle-ci est ratifiée par le lieutenant-gouverneur le 25 avril suivant. Les femmes québécoises avaient déjà le droit de vote au fédéral depuis 1918, mais la résistance des forces conservatrices dans la société québécoise prive les femmes de droits politiques au niveau provincial jusqu’en 1940. Ce n’est qu’en 1944 que les femmes québécoises pourront finalement exercer leur droit de vote lors d’une élection générale à l’assemblée législative. Quant aux femmes autochtones vivant sur les réserves, elles seront privées de droits politiques jusqu’en 1969. Pour en savoir plus sur l’histoire des droits politiques des femmes au Québec, lire cet article sur le site d’Élections Québec.
19 avril : Début d’une grève sauvage de 7 jours des travailleurs et travailleuses des postes se soldant par l’obtention de l’équité salariale entre les femmes et les hommes (1974)
Sous la gouverne de Joe Davidson, le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) livre de nombreuses grèves pour protéger ses membres des changements technologiques. Ce sont de longues et rudes grèves qui finissent néanmoins par porter fruit. Pour plus d’information lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.
23 avril : Des grévistes obtiennent des concessions majeures de General Motors lors de la « naissance du syndicalisme industriel » (1937)
Voir la description du 8 avril ci-dessus. Pour plus d’information lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne
23 avril : Fondation du Congrès du travail du Canada (CTC) (1956)
Le Congrès canadien du travail et le Congrès des métiers et du travail du Canada unissent leurs forces pour devenir le Congrès du travail du Canada (CTC). Un grand syndicat s’y joint plus tard. En 1961, les dirigeants du Congrès du travail du Canada et de la Fédération du commonwealth coopératif se réunissent pour former le Nouveau Parti démocratique (NPD). En 1997, le CTC représentait les intérêts de 2,5 millions de travailleurs membres de plus de 50 syndicats nationaux et internationaux affiliés. Pour plus d’information lisez cet article de L’Encyclopédie canadienne.
26 avril : grève surprise des travailleurs de la Toronto Transit Commission (2008)
Insatisfaits de l’offre patronale reçue le 20 avril, les travailleurs de la société de transport en commun de Toronto la rejettent à 65% le 25 avril. Le soir même, le syndicat annonce une grève générale 90 minutes avant son déclenchement à minuit. Cette grève surprise démontre le rapport de force dont dispose les travailleurs de ce secteur. Le gouvernement ontarien réagit rapidement dans le but de dissuader les syndiqués de faire usage de leurs droits. Le 27 avril, l’assemblée législative adopte une loi spéciale pour forcer le retour au travail. Les parties ne sont toutefois arrivées à un accord sur une convention collective qu’en octobre 2008. Pour en savoir plus sur la grève de la TTC, lire cet article de Wikipédia (en anglais seulement).
28 avril : Proclamation par le CTC du premier Jour de deuil national en souvenir des travailleurs tués ou blessés au travail, une première mondiale (1983)
Le Jour commémoratif des travailleurs a été observé pour la première fois à Sudbury en 1984. Il fut déclaré un jour officiel de deuil national par le Congrès du travail du Canada l’année suivante. La Loi sur le jour de compassion pour les travailleurs a été adoptée en 1990 et le premier Jour officiel de deuil en mémoire des personnes tuées ou blessées au travail a été observé le 28 avril 1991. Aujourd’hui, plus de 80 pays soulignent cette journée commémorative, qui sert à rappeler l’importance de la santé et la sécurité au travail. Pour plus d’information, lisez cet article de Wikipédia (en anglais seulement).