Les étudiants de l’UQAM sont en attente d’une réponse de la direction pour dénouer l’impasse


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Voici un texte du Comité interfacultaire des étudiants adressé lundi à toute la communauté de l’UQAM (parce que oui, elle existe!) faisant le point sur la situation.

Dans la semaine du 13 avril, un comité interfacultaire a été formé de délégations des différentes associations facultaires ayant des mandats en faveur du retrait des convocations disciplinaires, de la réintégration de René Delvaux à la maîtrise en science politique et du retrait de l’injonction, ainsi que contre les différentes formes de répression politique actuellement mises en oeuvres à l’UQAM. Ce comité devait solliciter une rencontre avec le rectorat dans le but de porter à l’administration les revendications des associations étudiantes et d’entamer avec elle un dialogue. Le 16 avril, une première rencontre a donc rassemblé René Côté, Marc Turgeon et les membres du comité interfacultaire, bien que le recteur Robert Proulx n’ait pas jugé bon d’y participer.

À la suite de cette première rencontre, plusieurs associations étudiantes se sont réunies en assemblée générale, afin de se consulter et de préciser leurs mandats. Suivant ces nouvelles positions, et voyant approcher le 24 avril (date à laquelle avaient été potentiellement reportées les convocations), le comité a pris l’initiative de solliciter une nouvelle rencontre avec l’administration. En fait, nous nous étonnons de constater avec quel empressement l’administration avait initialement prévu traiter les suspensions et expulsions, et avec quelle paradoxale nonchalance elle laisse aujourd’hui la crise s’enliser, tout en ignorant les situations d’abus de pouvoir qu’elle laisse se multiplier sur le campus en maintenant la ligne dure. Pourtant, c’est de toutes parts que le rectorat est actuellement invité à poser un premier geste de conciliation.

De fait, depuis le 20 mars, date de réception des premières convocations, toutes les associations facultaires, de même que le SPUQ, le SCCUQ et le SÉTUE, ont dénoncé les menaces de suspension et d’expulsion et, de manière plus générale, la répression de la mobilisation à l’UQAM. De nombreuses assemblées départementales, de même que la Commission des études, sont intervenues en faveur d’un retrait des convocations. Une pétition de plus de 2500 noms, pour le retrait des convocations, la réadmission de René Delvaux et la fin de la répression politique à l’UQAM, a été déposée à l’administration. L’assemblée départementale des cycles supérieurs en science politique envisage même de mettre en branle des moyens de pression administratifs si René Delvaux n’est pas réadmis. Enfin, plusieurs professeur-e-s ont pris l’initiative d’interpeller le rectorat en lui proposant de suspendre les convocations devant le comité exécutif et de les transférer à un comité paritaire qui se chargerait d’évaluer ces cas. L’administration peut donc bien tenter de marginaliser dans son discours les associations étudiantes qui sont encore en grève, mais elle ne peut ignorer que la vaste majorité de la communauté uqamienne s’est indignée des procédures disciplinaires engagées contre 10 étudiant-e-s et qu’une nouvelle crise se dessine progressivement pour l’automne si elle persiste à ignorer toutes ces voix qui se sont élevées. D’autant plus qu’à cette mobilisation interne s’ajoute également une multitude d’appuis reçus de l’extérieur de l’UQAM de la part de syndicats, d’organismes de défense de droits et d’associations étudiantes universitaires. Aussi, devant les différentes solutions qui lui ont été suggérées et devant la multitude d’acteurs et d’actrices qui l’enjoignent à faire un geste d’ouverture pour rétablir un climat plus serein à l’UQAM, que propose l’administration?

D’autre part, nous tenons à questionner l’administration sur ce qu’elle pense du fait qu’au cours des dernières semaines, les agents et agentes de sécurité ont pu, en toute impunité, utiliser à l’encontre des étudiant-e-s une force de plus en plus excessive et contraire aux dispositions de la Loi du Québec sur la sécurité privée; commettre des agressions sexuelles; faire du profilage politique et du harcèlement en suivant et notant les faits et gestes de certain-e-s étudiant-e-s et chargé-e-s de cours, même en dehors des périodes de levées de cours; et mettre de la pression sur des professeur-e-s et chargé-e-s de cours pour maintenir les séances alors que les conditions normales d¹enseignement n’étaient manifestement pas réunies et que leur convention collective leur permet, le cas échéant, d¹annuler le cours. En fait, tout au long de ces dernières semaines, des cas évidents d’abus nous ont été rapporté.

Par exemple, à de nombreuses reprises, des personnes masquées ou non masquées qui faisaient la tournée des classes des associations en grève pour discuter avec les quelques personnes présentes au cours et les enjoindre à quitter volontairement la classe, ont été sorties de force par le personnel de sécurité, souvent même contre la volonté du ou de la responsable du cours et des étudiant-e-s, qui participaient à la discussion. Ces agissements vont à l’encontre de la loi qui refuse aux gardiens et gardiennes de sécurité toute fonction parapolicière et ne leur reconnaît que des droits similaires à ceux de tout citoyen et de toute citoyenne. Plus grave encore, le 2 avril dernier entre 18h et 19h, une agente de sécurité a poursuivi une camarade jusqu’à l’extérieur de l’UQAM, avant de la maîtriser brutalement, de la menotter et de la maintenir couchée au sol plus d’une demi-heure, jusqu’à l’arrivée du SPVM. Cette arrestation citoyenne a eu lieu alors qu’aucun méfait n’avait été commis (et aucune accusation n’a d’ailleurs été portée) et l’agente a usé d’une force clairement excessive et inquiétante en utilisant plusieurs techniques de maîtrise, notamment en appliquant une pression douloureuse sur plusieurs points sensibles (mâchoire, nez, etc.). À cela s’ajoutent plusieurs cas de personnes blessées par des gardiens et gardiennes de sécurité qui refusent alors de s’identifier et qui dissimulent leur permis. Enfin, l’administration n’ignore sans doute pas qu’à l’heure actuelle, deux dossiers de plainte pour agression sexuelle de gardiens sur des manifestantes sont en voie d’être complétés. Sait-elle toutefois que le climat d’impunité est tel au sein du personnel de sécurité que, cette semaine, une gardienne s’est moqué du processus même des plaintes, en mettant la main sur la poitrine d’une manifestante avant de lui dire qu’elle pouvait la toucher où elle voulait et d’ajouter qu’elle n’aurait ensuite qu’à aller porter plainte pour agression sexuelle? Dans le but de contrer cette impression d’impunité et de prévenir d’autres abus, nous invitons d’ailleurs toutes les personnes ayant des images, vidéos ou témoignages qui permettraient d’étayer les dossiers, qui sont actuellement constitués sur plusieurs de ces cas, à entrer en contact avec leur association facultaire.

(Partie du texte actualisée par nous) Une seconde rencontre, très brève, s’est tenue le lundi 27 avril, en présence des représentantes, représentants des associations facultaires et de René Côté, vice-recteur à la vie académique, et Marc Turgeon, vice-recteur à la vie universitaire. Les étudiantes, étudiants souhaitaient, lors de cette rencontre, rappeler au rectorat que, de par sa position même, il est imputable devant cette communauté qui exige maintenant de lui qu’il retire les convocations au comité de discipline; qu’il réintègre René Delvaux; qu’il s’abstienne de n’offrir à la contestation politique que la répression en réponse; et, finalement, qu’il cesse de traiter une partie non négligeable de la population étudiante de l’UQAM comme des êtres que l’on pourrait humilier, blesser et ignorer sans que cela ne laisse des traces profondes et durables au sein de notre université.

Au moment d’écrire ces lignes, la partie étudiante attend toujours une réponse de la direction, en particulier sur les avis disciplinaires et les menaces d’expulsion, principal irritant discuté lors de cette rencontre.