Des centaines de manifestants pour le maintien d’une approche globale dans la lutte à l’itinérance


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Des centaines de personnes représentant une quarantaine d’organismes en itinérance ont bravé la mauvaise température jeudi matin pour dénoncer la volonté d’Ottawa d’orienter une grande partie de son aide en itinérance vers une approche unique, celle du Housing first, au détriment de l’approche diversifiée et globale qui fait consensus au Québec. Partie de la rue Saint-Laurent, la marche s’est arrêtée devant les organismes Sac à dos et Cactus, dont le développement est menacé par la nouvelle orientation du fédéral, pour se terminer à la place Émilie-Gamelin.

Voici le communiqué de presse du RAPSIM.

Québec et la Ville interpellés

Pour le maintien d’une approche globale dans la lutte à l’itinérance

Montréal, le 11 septembre 2014- La réorientation de la Stratégie de partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) risque de faire croître l’itinérance à Montréal. C’est en grand nombre que le Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM) et ses membres ont pris la rue pour dénoncer cette volonté d’Ottawa d’orienter une grande partie de son aide vers une approche unique, celle du Housing first.

Depuis 12 ans, ce programme fédéral a contribué à la réalisation de plus de 900 logements sociaux et à de multiples interventions pour réduire et prévenir l’itinérance. Ainsi, à Montréal, la SPLI soutient une cinquantaine d’organismes intervenant auprès de 25 000 personnes en situation ou à risque d’itinérance. Ces services sont désormais menacés. La marche s’est arrêtée devant le Sac à dos et CACTUS Montréal, deux organismes pour qui la SPLI a été fort utile et est toujours indispensable.

La SPLI est mise en œuvre dans le cadre d’une Entente Canada-Québec qui a toujours soutenu une diversité d’interventions. L’Entente est actuellement en négociation pour 2015-2019.

Un recul majeur

En juillet, le RAPSIM avait sonné l’alarme en tenant un point de presse dans un célèbre taudis d’Hochelaga, le 3911 Ste-Catherine. Alors que l’Avenue hébergement communautaire manque de moyens pour le rénover et le transformer en logements sociaux, une somme de 3,2 millions $ de la SPLI n’était toujours pas rendue disponible pour l’année en cours.

Finalement, cette somme sera affectée dans le cadre d’un appel de courts projets de 6 mois qui exclut tout projet en immobilisation et en prévention. « Comme sur tout phénomène, il faut agir face à l’itinérance pour la réduire, mais aussi la prévenir. La SPLI est toujours allée en ce sens et doit le demeurer »,a insisté Anne-Marie Boucher, coordonnatrice du Réseau SOLIDARITÉ itinérance du Québec (RSIQ).

Pour le RAPSIM, il y une contradiction majeure avec la Politique nationale de lutte à l’itinérance, qui prévoit 5 axes d’intervention pour éviter la rue et en sortir, alors qu’Ottawa ne veut qu’agir sur la réduction de l’itinérance, et ce, sans contribuer à développer l’offre de logement.

« Alors que le dossier noir du FRAPRU publié cette semaine révèle un accroissement de 26 % du nombre de ménages qui consacre plus de 80 % pour se loger, il est inconséquent que l’aide fédérale en itinérance exclue l’aide à la construction de logements sociaux », a souligné le coordonnateur du RAPSIM Pierre Gaudreau.

Québec doit agir rapidement

Les éluEs Jean-François Lisée du PQ et Manon Massé de QS ont participé au rassemblement et apporté l’appui de leur parti. Il est essentiel, ont-ils insisté, que Québec conclût une entente avec le fédéral dans le sens de l’approche globale prévue dans la Politique nationale adoptée récemment. Avec le RAPSIM, ils ont rappelé la résolution unanime de l’Assemblée nationale demandant que soient respectées les orientations du Québec en matière d’itinérance et interpellé la ministre Lucie Charlebois pour qu’elle conclue l’Entente en ce sens et rapidement avec Ottawa.

Montréal ne pourra sauver la mise

Alors que l’administration Coderre a annoncé l’adoption de son Plan d’action ciblé en itinérance, le RAPSIM rappelle à la Ville qu’elle ne pourra agir seule. Le maire veut plus de pouvoirs en itinérance, mais actuellement, les moyens pour agir se restreignent.

Dans une rencontre avec le RAPSIM en campagne électorale, le maire avait promis de régler rapidement le dossier de la SPLI, en disant qu’en itinérance, ça ne s’appliquait pas le « One size fit’s all ». Pour le RAPSIM, qui est bien d’accord avec le maire sur ce point, il est essentiel que le 8 millions $ par an de la SPLI à Montréal continue à soutenir une variété d’actions.