Cellulaires à l’école : Interdire sans écouter, est-ce encore éduquer ?


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Le gouvernement québécois prévoit d’interdire complètement les cellulaires à l’école, du matin au soir, y compris pendant les pauses. Cette décision, recommandée par la Commission spéciale sur les impacts des écrans, part d’une intention louable : protéger les élèves, améliorer leur attention, réduire les tensions sociales. Pourtant, une mesure aussi rigide pose de nombreuses questions éducatives, éthiques et sociales. D’abord, cette interdiction généralise un problème complexe. Tous les usages du téléphone ne sont pas équivalents. Certains jeunes s’en servent pour se distraire, d’autres pour communiquer avec un parent, gérer leur anxiété, ou simplement se créer une bulle de répit dans un environnement exigeant. En bannissant l’outil sans nuance, on efface cette diversité d’usages, et on envoie un message implicite : votre réalité ne compte pas. Ensuite, cette mesure révèle une asymétrie générationnelle. Dans le monde adulte, personne ne songerait à interdire totalement les téléphones au travail. Nous acceptons qu’ils puissent être utiles, voire nécessaires, même dans un cadre structuré. Pourquoi les adolescents n’auraient-ils pas droit à ce même respect de leur autonomie ?, questionne Sarah Guilbault, collaboratrice au Réseau des écoles démocratiques du Québec et au Centre d’étude en pensées politiques de l’UQAM.