Aide sociale : 40 centres de désintoxication menacés de fermeture


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Une quarantaine de centres de désintoxication pourraient devoir fermer leurs portes en raison des nouvelles coupes à l’aide sociale, plaide leur regroupement. «Tout est fait pour que le budget soit le plus réduit possible, mais on ne sera pas capables d’arriver», plaide le directeur de l’Association québécoise des centres d’intervention en dépendance (AQCID), Vincent Marcoux.

Isabelle Porter, Le Devoir

Actuellement, les prestataires de l’aide sociale qui souhaitent suivre une cure reçoivent environ 50 $ par jour du gouvernement. Ils ont aussi droit à une allocation pour contrainte temporaire à l’emploi (130 $) et ceux qui ont un domicile et souhaitent le garder, ont droit à leur prestation d’aide sociale de base (616 $ en moyenne).

Or la semaine dernière, le ministre du Travail, François Blais, a dévoilé de nouvelles règles qui font en sorte que ces personnes perdent l’équivalent de la contrainte temporaire de 130 $.

« L’ajustement qu’on propose touche au revenu pendant la cure, a rappelé lundi l’attachée de presse du ministre, Julie White. Il faut savoir que, pendant une cure de désintoxication, les gens sont logés, nourris. Leurs besoins de base sont couverts. » Ces personnes, ajoute-t-elle, recevaient une aide supérieure à celle des autres prestataires, ce que le ministère cherche à corriger.

Or selon l’AQCID, cela déstabilise tout le système parce que les 130 $ permettaient de compenser les lacunes du programme. M. Marcoux explique que les 50 $ par jour payés par le gouvernement pour la cure ne couvraient pas tous les frais de la thérapie. Dès lors, la moitié des centres facturaient des frais supplémentaires aux prestataires de l’aide sociale.

Au cabinet du ministre, on semblait étonné par ces révélations lundi. « Il y en a qui pouvaient charger jusqu’à 500 $ par mois en plus, a précisé Mme White. On est en train de documenter la situation. »

La porte-parole ajoute que le cabinet mène justement des consultations ces jours-ci pour voir s’il y a lieu de réviser certains des « ajustements » annoncés la semaine dernière.

Une quarantaine de centres de désintoxication sont dans cette situation, comme Le Rucher de Saint-Augustin-de-Desmaures ou encore le Pavillon Assuétude de Shawinigan.

Si les autres s’en sortent, dit M. Marcoux, c’est parce qu’ils ont réussi à obtenir des subventions en provenance d’autres ministères. Le directeur de l’Association ajoute qu’il est pour le moins étonnant que ce genre de service soit financé par le ministère du Travail, et non par le ministère de la Santé.

Il précise que les centres ne peuvent pas couper dans la masse salariale pour combler leurs déficits en raison des ratios maximaux d’un intervenant pour 15 patients que leur imposent les normes gouvernementales.

Environ 6400 prestataires de l’aide sociale avec des problèmes de toxicomanie seraient touchés par ces coupes. Le gouvernement croit ainsi pour voir libérer 6,1 millions de dollars.